Les jours fanés – poème vendéen
Les Jours Fanés
Sous le soleil brûlant, t’en souviens-tu… germaine,
De ces foins embrasés qu’ensemble nous fanions
Dans le creux du vallon sur le bord de la Maine
Au cœur d’un petit pré qui moussait de rayon
Et l’andain frétillait dans nos fourches actives
Je te serais près, follement amoureux
De ton corps élancé, de tes yeux langoureux
Mais l’aveu se mourait sur mes lèvres craintives
Aurais-tu oublié…? Non! ce n’est pas possible
Notre premier baiser parfumé comme un foin
Brûlant comme un grand feu ardent, inextinguible
Le sacre de l’amour au gai soleil de juin
Les grillons nous chantaient leur âpre litanie
Et sous les fondaisons le merle persifleur
Nous rappelait en vain qu’en ces jours de malheur
De l’immense univers la paix était bannie
O désanchantement…! Quand le ciel se voila
Le rêve était si doux et la vie si bien méchante
Dans le lointain grondaient les hordes d’Attila
Nous avions dix-huit ans… C’était en juin quarante…!
Félix Moreau – 1987 – Treize-Septiers (85600)